Dyspraxie : handicap invisible, comment en parler sans se justifier

La (ou "les") Dyspraxies génèrent divers types de "limitations"dans les habilités. Pour autant, parfois elles sont invisibles à l’œil "nu" et ne permettent pas une appréhension "directe" des limitations dont souffrent l'enfant.

Les anomalies de coordination peuvent toucher divers gestes, ralentir les mouvements ou les tâches à exécuter mais surtout entrainent un effort important et soutenu pour la réalisation de ces tâches, à chaque fois.

Chaque nouvelle habilité nécessite des efforts considérables, et ces effort passent la plupart du temps inaperçu, surtout si au bout du compte, la tâche est réalisée.

Mais à quel prix?

La plupart du temps, pour encourager l'enfant, on lui dit "vas y tu vas y arriver" ... ou en pensant bien faire, et en imaginant que la répétition de la tâche va améliorer son exécution (ce qui est parfois vrai mais pas toujours), on fait répéter le geste problématique.

Tout cela est très couteux pour l'enfant dyspraxique.

L'effort de concentration, d'application leur demande pas mal de persévérance mais est aussi source de découragement, car parfois les résultats ne sont pas à la hauteur de l'investissement.

Maladresses, lenteurs, imprécisions... L'enfant voit très bien que ses efforts ne portent pas à hauteur de ses souhaits les résultats escomptés, et le découragement guette, sinon la frustration, parfois même la colère et une image de soi dégradée...

Les adultes qui entourent l'enfant, pour certains, lorsque le terme de "dyspraxie" est évoqué, ne mesurent pas l’ampleur de la "tâche" ni des répercussions sur la vie quotidienne et des gestes courants à pratiquer pour cet enfant.

La dyspraxie est si méconnue, si peu expliquée que ce terme laisse sans "voix"... , sans pour autant permettre de visibilité sur l'ensemble des limitations dans la vie quotidienne.

Au mieux, lorsqu'on lui demande, l'enfant est donc obligé sans cesse, par lui même, de se "justifier" sur ce qu'il peut faire, ce qu'il peut "essayer" de faire, ce qu'il n'arrive pas à faire, sans pour autant savoir pourquoi il n'y arrive pas.

C'est très compliqué pour un enfant d'être sans cesse obligé de se justifier sur ses habilités, alors , comme de toute façon la plupart du temps, personne ne lui demande son avis, il fait, un peu, souvent mal, et parfois ne tente même plus, sans que personne ne le remarque (à l'école notamment), l'enfant "abdique" sur ce qui est trop couteux pour lui, en silence.

Avec les autres enfants, la difficulté est la même, et l'enfant est mis à l'écart car son manque de "performance" sur les jeux courants de cour de récréation, qui demandent de l'habilité manuelle ou de la coordination, est souvent l'élément discriminant pour l'intégration dans une équipe de jeux.

Il n'y a pas de "recette miracle" pour lutter contre ce phénomène d'isolement par les faits. Une des solution serait une meilleure communication et donc compréhension des contraintes et les implications qu'ont ce handicap sur les gestes de la vie courante et au niveau scolaire.

En invitant les adultes à demander à l'enfant si il se sent à l'aise par exemple pour effectuer ces jeux ou ces activités, si cela l’inquiète, le rassurer le cas échéant, lui proposer d'autres types d'activités plus "inclusives" en s'appuyant sur les capacités de l'enfant serait déjà un premier pas vers la reconnaissance des limitations de l'enfant sans qu'elles soient trop excluantes.

Permettre à l'enfant de s'exprimer sur ce dont il aurait besoin pour être plus à l'aise dans l'exécution des taches, même si tout n'est pas possible, permettrait de rendre l'environnement moins "hostile" , plus attentif et encourageant.

Combien de fois j'ai pu entendre, "quand on veut on peut", et bien non, parfois, même quand on veut, on ne peut pas... et là est toute la difficulté à expliquer ce qu'est la dyspraxie, car la plupart des personnes cherchent plus à comprendre les causes (que la science ne connait pour l'instant pas..) alors qu'il serait plus utile de se concentrer sur le "comment faire"pour que ce soit moins pénible ...